Article de Natacha Polony, Agrégée de Lettres Modernes, essayiste, chroniqueuse
La direction de l’enseignement scolaire assure qu’il faut avancer sur les expérimentations «néo-classiques», comme l’expérimentation Savoir Lire Ecrire Compter Calculer (SLECC).
C’est un des principes mis en avant par les principaux candidats: pour lutter contre l’illettrisme, il faut distinguer les méthodes qui marchent et favoriser leur diffusion auprès des enseignants.
Nicolas Sarkozy, en 2007, s’était fait l’écho du ras-le-bol de parents excédés par les expérimentations pédagogiques qui changeaient leurs enfants en cobayes. Il fallait désormais valoriser ce qui marche, et notamment en matière d’apprentissage de la lecture et du calcul.
C’est pourquoi la suppression de la maigre subvention accordée au Groupement de recherche interprofessionnel sur les programmes (GRIP), a ressemblé à une étonnante volte-face idéologique.
Le GRIP regroupe depuis 2003 quelques professeurs opposés aux programmes primaires de 2002 et décidés à proposer une nouvelle orientation pour l’enseignement de la lecture, de la grammaire ou du calcul.Une subvention de 13.500 euros par an
On trouvait parmi eux, à l’origine, des gens comme Marc Le Bris, auteur de Et vos enfants ne sauront pas lire… ni compter. En 2008, certains de ses membres furent associés aux réflexions préparatoires aux nouveaux programmes du primaire voulus par Xavier Darcos, avant que l’association ne critique certains des choix finalement adoptés. Le GRIP est surtout à l’origine de l’expérimentation Savoir Lire Ecrire Compter Calculer (SLECC ), qui entend prouver dans les classes la validité de ses options pédagogiques.
Le 1er janvier, le GRIP adressait donc une lettre ouverte au ministre de l’Education nationale pour protester contre la suppression de sa subvention de 13.500 euros par an, une suppression qui faisait suite à une perte, l’année précédente, des deux tiers du montant initial.
«Dans une nation organisée, déclarait cette lettre, quelle que soit la rigueur des temps, la dépense, en effet, ne se mesure pas en termes étroitement comptables mais en fonction de sa rentabilité. De ce point de vue, les subventions consenties par vos prédécesseurs, François Fillon, Gilles de Robien et Xavier Darcos, à l’expérimentation SLECC ont produit des gains difficilement contestables. Il suffit de consulter les résultats des classes concernées aux évaluations nationales pour s’en convaincre. Qui plus est, s’appuyant sur la pratique des enseignants SLECC, le GRIP a pris l’initiative, afin d’étendre le bénéfice de l’expérience, de publier des manuels de classe (lecture, calcul, grammaire, observation) qui rencontrent dans la profession un intérêt croissant.»
Jean-Michel Blanquer, directeur de l’enseignement scolaire, veut dédramatiser. «Il s’agit d’une erreur, déplore-t-il. Un chef de cabinet signe 200 ordres de ce genre par jour, et toutes les associations sont concernées. Mais au contraire, nous estimons qu’il faut avancer sur les expérimentations ‘néo-classiques’.»
Une main tendue, alors que les défenseurs de l’école républicaine, en partie séduits par les discours de 2007, se font désormais plus que critiques.
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