La grande parade du cirque médiatique continue de nous présenter les acteurs de l’école qui se suivent de manière récurrente, comme dans un manège, sur nos écrans : le ministre qui prône un retour aux fondamentaux, le syndicaliste qui réclame des moyens, la fédération de parents, qui demande les deux, avec un brin d’innovation pédagogique en sus, le pédagogue patenté qui vante les mérites de l’école numérique,… chacun remettant une pièce dans le jukebox quand examens ou tests internationaux nous ramènent à la triste réalité de l’instruction en France. On ressort bien de temps en temps de vieux marronniers pour donner du piquant au débat (défense de la laïcité, port de l’uniforme…) mais les problèmes de fond demeurent inabordés. Notre association, qui s’occupe avant tout du contenu des programmes scolaires, évite de s’engager dans des polémiques le plus souvent stériles, mais nous venons de recevoir un témoignage de parent qui touche à un point essentiel. Les parents sont les acteurs incontournables du système éducatif mais ils tiennent trop souvent un rôle de figurant dans un scénario bien orchestré. Alors, enseignants, élus, partenaires de l’école, écoutez les parents. Pour ne pas stagner dans la déploration, nous publierons des témoignages de parents qui ont participé au développement de l’instruction : en famille, à l’école (publique ou privée), dans des associations, des collectifs, des municipalités … Parents témoignez et agissez !
Courriel de Madame L.O., mère d’un élève de huit ans :
Je suis « parent instructeur » pour mon fils de 8 ans depuis 3 ans. J’ai utilisé vos manuels, et plus généralement votre approche et progression en étude de la langue et en maths, depuis que je l’ai récupéré en mars 2020 à la maison. Il sera donc presque un « pur produit » du GRIP en matière d’instruction dans ces domaines fondamentaux, du CP au CM2 (pour l’année prochaine, car nous avons décidé de finir à minima le primaire dans les mêmes conditions). Nous sommes ravis, son père et moi, d’avoir pu trouver, tout d’abord en plein confinement, des manuels qui nous ont permis au pied levé de mettre en place des bases qui, déjà, ne semblaient pas pointer à l’horizon… Nous avons poursuivi constatant ses belles progressions. C’est un plaisir depuis de le voir évoluer d’année en année.
Nous revendiquons d’ailleurs, lors de nos contrôles pédagogiques annuels, l’utilisation de ces supports, nous en profitons toujours pour échanger avec l’Inspecteur de l’Éducation Nationale sans trop d’ambages (n’étant lié à lui sur aucun plan, nous profitons de cette liberté de ton qui est la nôtre). Cette année les contrôles ont eu lieu tôt dans l’année scolaire, en raison de changements importants des modalités de l’Instruction En Famille (IEF) mis en place par la loi Séparatisme de 2021. Les inspections ne se compliquent pas trop la vie et donnent la plupart du temps des livrets standardisés d’exercices qui contrôlent les acquis de fin d’année scolaire. Nous avons donc dû cette année tout début janvier – soit avant même la moitié de l’année scolaire – lui voir « proposer » le livret de fin de CM1 (alors qu’il serait scolarisé en CE2 selon son âge, mais dès la première inspection et l’annonce de nos méthodes, il a été testé avec un livret de l’année supérieure : faut-il en conclure qu’une opinion était tout de même faite quant aux manuels du GRIP ?). Malgré tout, ce livret n’a posé aucun problème à notre fils, qui travaille actuellement sur vos manuels mi-CE2. Ce ne fut vraiment qu’une formalité dont il ne cesse, chaque année, depuis qu’il est sorti du système, de nous demander l’intérêt tant cela lui semble loin de ses pratiques quotidiennes.
L’écart se creuse d’année en année donc, 1 an et demi à présent. Voilà, je partage avec vous la réussite parce qu’on vous la doit aussi un peu/beaucoup, et qu’elle nous permet de repartir pour une année en IEF. Même si bientôt cela ne sera plus possible : L’IEF en France va disparaître (sauf cas très très lourds) en raison des dernières lois de 2021 et des pratiques constatées dans les académies,lors des premières demandes d’autorisation massivement refusées pour 2022/2023. Je vous épargne notre point de vue sur la question, mais je vous le dis, je ne suis pas sûre que les implications d’une école devenue obligatoire pour tous dès 3 ans et inclusive pour tous aient bien été saisies par beaucoup de monde. Je le dis sans aucune forme de ségrégationnisme de ma part, cette volonté est saine et louable. Malheureusement sa réalisation est fumeuse : mon fils n’est lui-même pas dans la norme et compliquerait bien la vie d’une classe (pas par volonté ou manque d’éducation, mais sur ce point vous devrez me croire sur parole), alors que nous, nous parvenons à savoir comment faire avec lui. Et non, cela ne suffira pas à nous faire entendre, nous avons déjà des exemples autour de nous de refus d’autorisation d’IEF pour des enfants ayant une reconnaissance MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées).
Je fais lire les courriers des DASEN (Directeurs Académiques des Services de l’Éducation Nationale) reçus par les familles en IEF qui stipulent que « l’école s’adaptera à toutes les spécificités de votre enfant » à mes amis professeurs des écoles… Mais nous ne sommes pas assez nombreux, et trop différents dans nos motifs, pour mobiliser. Il reste à espérer que vos supports se diffuseront mieux sur leurs cibles initiales : les salles de classe. Car s’ils étaient bien répertoriés sur les tables des familles instructrices, cela est bientôt terminé. Et c’est bien dommage pour ceux qui en auraient bénéficié. Merci en tous cas pour votre travail et la mission que vous vous êtes donnée.