En 2006, alors que le Figaro Magazine présentait un reportage sur les classes SLECC sous le titre « École, la révolution du bon sens« , le Monde de l’éducation évoquait de son côté « Le laboratoire des anti-pédagogistes« .
Jean-Pierre Demailly, reconnu comme grand mathématicien, grand humaniste et grand pédagogue, était désormais classé dans le camp des « antis ». Tout comme on voit aujourd’hui qualifier « d’anti-vaxs » toute personne remettant en cause la politique sanitaire. L’expression « anti-pédagogistes » a servi de repoussoir pour condamner toute proposition sur l’école ne se conformant pas à la doxa. Ainsi, l’association fondée par l’académicien put-elle être qualifiée de « groupuscule réactionnaire » par le Café Pédagogique.
Les analyses proposées à l’époque par le GRIP n’ont pourtant cessé d’être confirmées par les faits depuis les seize dernières années. À la question Pourquoi le niveau des élèves en mathématiques est-il si mauvais en France ? la réponse est toujours la même :
« Le rapport portant sur « place des mathématiques dans la voie générale du lycée » commandé par le ministre Jean-Michel Blanquer et remis le 21 mars 2022 le reconnaît sans ambages : « Le niveau moyen de compétences en mathématiques en France est en baisse depuis près de 40 ans » et ce « quel que soit l’outil d’évaluation mobilisé (Timss, Cedre, Lec ou Pisa) ». Ces enquêtes internationales placent par exemple notre pays derrière la Turquie, et loin en retrait par rapport aux pays de tête que sont le Japon, la Corée du Sud ou même l’Irlande (enquête Timss 2019, Trends in International Mathematics and Science Study). Pire encore, toujours selon les mêmes sources, « 15 % des élèves français testés atteignaient le niveau avancé en mathématiques en 1995, contre 1 % en 2015. 64 % des élèves français atteignaient au moins le niveau élevé en 1995, contre 11 % en 2015. Et seuls 43 % des élèves français de terminale S atteignaient le niveau intermédiaire en 2015. » Le déclassement est vertigineux et doit nous interpeller. … La baisse du niveau, le tabou de la sélection universitaire, la fétichisation du ludique et du numérique dans les apprentissages, la glorification de la formation au détriment de l’instruction et une forme d’aversion égalitariste de l’excellence sont les ferments de la déliquescence de notre système qui a pourtant tout pour réussir : des personnels d’enseignements dévoués, une tradition glorieuse et des familles en demande. Cependant, les œillères du pédagogisme et la militance inappropriée de certains décideurs sacrifient chaque jour un peu plus ce capital. «
Samuel Biasoni – Lefigaro.fr
Reconnaissons toutefois à Luc Cédelle, malgré un titre stigmatisant, d’avoir su nuancer le portrait des « antis » dans son article :