L’orthographe des lycéens, des étudiants — chacun le reconnaît — est globalement calamiteuse. Mais comment peut-on leur reprocher de ne pas savoir ce qu’on ne leur a pas appris, quand la grammaire a été enseignée de travers, quand on leur a enjoint d’écrire avant de savoir écrire, quand on leur a répété à l’envi « vous vous corrigerez plus tard ! », c’est-à-dire quand on leur a demandé de se noyer d’abord, et d’apprendre à nager ensuite ? On ne le peut pas. En revanche, on peut se retrousser les manches, et leur donner les moyens de progresser vraiment. C’est une nécessité absolue, si l’on souhaite que les jeunes gens appelés à instruire les générations à venir maîtrisent ce qu’ils devront enseigner.
On peut se battre comme des chiffonniers à coups d’articles et de livres tranchants et documentés pour savoir si l’orthographe est importante ou secondaire, s’il faut la réformer ou ne pas s’en soucier. Ce sera autant de moyens de ne pas l’enseigner. Notre question à nous, c’est : «Comment faire apprendre l’orthographe à ceux qui ne la connaissent pas ?» Autrement dit, que pouvons-nous faire pour aider nos élèves et nos étudiants l’art d’écrire clairement et lisiblement, ce qui impose en particulier de savoir écrire en respectant suffisamment les usages de la langue qui permettent de passer de l’oral ou de la pensée à l’écrit ?
Les défaitistes préféreront débattre sur l’orthographe, à coups de thèses, de pamphlets ou de slogans bien sentis, en ajoutant leurs lamentations aux innombrables lamentations qu’on trouve partout et tout le temps, ou au merveilleux chœur des adorateurs d’aujourd’hui, extasiés par l’abandon de l’horrible hier avec ses corsets ridicules. De notre côté, plus humblement, nous travaillons à donner les moyens d’apprendre l’orthographe du français. Nos trois premiers Cahiers d’orthographe française sont disponibles ici :
Les homophones grammaticaux (version β*) Suivre le lien …
La conjugaison (version α*) Suivre le lien …
L’accord du nom, du pronom et de l’adjectif (version α*) Suivre le lien …
(*Version α : ce sont des épreuves qui ont besoin encore d’une relecture attentive.
Version β : ce sont des versions expérimentales, en cours de révision par l’utilisation en classe.)
Nicolas Lakshmanan-Minet, professeur agrégé de grammaire et docteur ès lettres